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Attaque à Ouagadougou: témoignages et réactions de Burkinabè

Par RFI Publié le 14-08-2017 Modifié le 14-08-2017 à 16:13

Quelques heures après la fin de l’attaque qui a frappé la capitale du Burkina Faso, faisant 18 victimes, les témoignages et réactions de Burkinabè affluent. Entre résignation, peur, révolte et fierté de la réaction des Ouagalais face à ce nouvel acte terroriste : témoignages sur place.

« C’est vraiment douloureux. On ne sait pas comment on va faire. En tout cas, ça fait mal. » Quelques heures seulement après la fin de l’attaque lancée contre le café Aziz-Istanbul, dans le centre de Ouagadougou, les Burkinabè sont encore sous le choc.

L’attaque, qui n’a pour l’instant pas été revendiquée, a fait au moins 18 victimes civiles. Deux assaillants ont été tués par les forces de l’ordre, selon les autorités burkinabè. « Cela commence à devenir très inquiétant. D’autant plus que c’est pratiquement au même endroit que les événements passés », note un Ouagalais au micro de RFI.

« On avait cru qu’avec les attaques de janvier 2016, la sécurité serait beaucoup plus renforcée sur les lieux, parce que tout le monde sait que c’est l’un des endroits les plus fréquentés de la capitale. Il y avait beaucoup de monde, c’était le week-end. On ne s’imaginait pas qu’on vivrait encore une pareille expérience, une douloureuse expérience, encore quelques mois après. »

« Ce sont nos propres citoyens qui se radicalisent »

L’attaque menée la nuit dernière par des hommes armés a ciblé un café qui se situe à quelques centaines de mètres seulement des lieux de l’attaque de janvier 2016 sur le café Capuccino, lors de laquelle 30 personnes avaient été tuées.

« N’importe qui peut être un terroriste », s’inquiète un autre riverain de ce quartier central de la capitale. Pour lui, « on ne peut pas accuser qui que ce soit, aussi bien les autorités ou les forces armées et de sécurité » face à cette nouvelle attaque.

« Les terroristes ont pris du terrain et généralement ce sont nos propres citoyens qui se radicalisent », estime-t-il, plaidant pour « continuer à sensibiliser les populations » afin de favoriser la remontée d’informations aux autorités sur les radicalisations éventuelles.

Cela commence à devenir très inquiétant. (...) On croyait qu'avec les attaques de janvier 2016, la sécurité était renforcée sur les lieux, tout le monde sait que c'est l'un des endroits les plus fréquentés de la capitale.
Attaque de Ouagadougou : réactions de Burkinabè
14-08-2017

« Ils peuvent venir attaquer devant ta porte »

Autre témoin des faits : Esaie. Ce jeune entrepreneur ouagalais était justement en train de quitter l’avenue Nkouma, où se trouve le café Aziz-Istanbul, au moment où l’attaque a démarré. Il avait déjà vécu l'attaque contre le Capuccino en janvier dernier. Il dit avoir eu moins peur cette fois que la précédente.

« J’avais ce sentiment de révolte et de patriotisme, j’avais même pas envie de rentrer. J’avais un courage inédit », affirme le jeune homme, qui a tenu à rester sur place pour suivre les opérations du plus près qu’il le pouvait. Loin de se dire résigné, Esaie dit ne pas vouloir changer ses habitudes, malgré la récurrence des attaques. « Ce n’est pas une question de changer le comportement. C’est le fait d’être un peu vigilant. Hier, ils ont attaqué là-bas. En janvier, c’était là-bas. Mais tu ne sais pas demain où ils peuvent attaquer. Ils peuvent venir attaquer devant ta porte ».

« On entendait les rafales et les explosions »

Quand il a eu l’information sur les tirs, Samska, artiste de reggae qui est aussi l’un des membres fondateurs du mouvement citoyen Balai citoyen, a immédiatement rejoint quelques amis à proximité de l’hôtel Splendid, tout près du lieu de l’attaque.

« Quand il y a une situation comme cela, on se demande qui, et pourquoi », explique l'activiste. Posté non loin des lieux de l’attaque, Samska a vu le dispositif sécuritaire se mettre en place. « On entendait les rafales et les explosions, ce n’était pas simple à vivre », rapporte-t-il. Mais ce qui a le plus marqué l’artiste engagé, c’est la mobilisation qu’il a vue se mettre en place autour des lieux de l’attaque. « Il y a des membres du gouvernement qui sont venus, des policiers et des militaires qui étaient là. Il y avait de la solidarité sur le terrain, et ça, ça m’a vraiment marqué : que des anciens rejoignent les jeunes », rapporte Samska.

« Tout autour, il y a des jeunes des pâtés [de maisons] environnants qui se sont rapprochés, au cas où quelqu’un tente de s’enfuir : qu’ils puissent le signaler », raconte-t-il également, saluant l’émergence de « ce type de citoyens ». Et de saluer le fait que « tout le monde soit en alerte et que l’on ne se laisse pas prendre par la panique ».

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