A l’occasion du nouvel album de Youssou Ndour, focus sur la diversité artistique du Sénégal, où le genre dominant n’empêche pas des créations pop, électro ou rock.
Chaque mercredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, direction le Sénégal avec le nouvel album 100 % mbalax de Youssou Ndour, le premier EP dansant de Lass et le quatrième opus énergisant de Nuru Kane.
La star de la musique sénégalaise est de retour ! Deux ans après History, Youssou Ndour, 62 ans, a dévoilé vendredi 12 novembre un nouvel album, sobrement intitulé Mbalax. Avec son groupe, le Super Etoile de Dakar, le pionnier de ce genre au croisement du sabar traditionnel et de la pop moderne, mondialement connu depuis son tube Seven Seconds avec Neneh Cherry (1994), revient à ses fondamentaux et s’adresse en premier lieu au public de son pays, auquel il fait part de sa gratitude (sur le morceau Tatagal) mais aussi de ses préoccupations environnementales avec les chansons Ndox (« l’eau », en wolof) et Zéro Déchet. Le chanteur rend enfin hommage à son aîné Thione Seck, mort le 14 mars.
On avait déjà entendu sa voix sur des morceaux des collectifs lyonnais Voilaaa et Super Mojo. Fin octobre, Lass a fait paraître un premier EP à son nom, dans lequel son timbre au grain si particulier prend toute son ampleur sur des productions mêlant électronique et acoustique. Originaire d’un village de pêcheurs en banlieue de Dakar, le jeune Lassana a été sauvé par la musique : dans les années 1990, c’est la perspective d’entendre une de ses chansons passer à la radio sénégalaise qui le fit renoncer à s’embarquer sur une pirogue pour l’Europe. Il vit aujourd’hui à Lyon, mais son si dansant Mo Yaro au clip afrofuturiste devrait résonner bien au-delà de la capitale des Gaules.
Autre « Sénégaulois » natif du quartier Médina, à Dakar, et installé quant à lui dans la région de Clermont-Ferrand, le chanteur, compositeur et peintre Nuru Kane a sorti mi-octobre son quatrième album, Mayam (« ressources », en wolof), mélangeant des styles aussi divers que la musique gnawa, le mbalax, le reggae, le blues ou le funk. Il s’en dégage une énergie rock qui n’est pas sans rappeler celle des Congolais de Jupiter & Okwess, notamment sur le morceau Chakwa Dance, tandis que son Welcome est une ode aux valeurs de la teranga (« l’hospitalité ») telles que la tolérance, pilier de la culture baye fall (une branche de la confrérie des mourides) dont il se revendique.